Nelson Ricart - Guerrero POETA




Nelson Ricart-Guerrero (Santo Domingo 1953) 
                                                                


Artiste Plasticien, et écrivain. Vit et travaille à París. Auteur de Boca de tiempo roto (Ed. Letra Gráfica
2005), Sólo quedan las palabras (Isla Negra editores, San Juan – Santo Domingo 2009), Soy el Leife, el
Pájaro Malo (Erizo Editorial, San Juan 2013) et édition bilingueFR/ES (Ediciones Cielonaranja 2017),
La luna o los ritos del amor (Edition bilingue FR/ES in cd Anthony Ocaña, Producciones Los Mafus,
Madrid-Santo Domingo 2015), Sueños en Misterio (Isla Negra Editores, 2015), El encierro (Mise- en
scène par Loraine Ferrand, Soul, Santo Domingo 2016). La escalera (Colaborattion avec el Laboratorio
del Actor, Santo Domingo 2019). Ese rumor de Mar (Ediciones Cielonaranja 2018) et du roman El cumpleaños de Manuel Torremón (inédit).

Anthologies: Solo para locos de Lourdes Batista (Solo para Locos Inc. Publishers, New York 2018).
Retrato Íntimo de Poetas Dominicanos de Yolanda Hernández y César Sánchez Beras (Tainos Editores,
New York 2019).




Y en ese baile tuyo

Detrás de ese cuerpo tuyo
veo yo las sombras danzar

¿Será que los ausentes gritan
llamándote al lupanar?

Y tu bailándote el alma
quieres polvo y quieres sal
me roban tu sonrisa ángeles
y tu mordiéndote el mal

Dale banda a tanto hilo
que es tu baile un deshilar
un correr de potros negros
un desliz un vendaval

y si es luz lo que procuras
te llevaré al arrabal
con tu sonrisa de niño
que dice me has de mimar

Busca con tu cuerpo noches
busca luna y busca mar
y si es goce lo que quieres
abandónate al dejar

que te laman con deseo
las rendijas del amar



Et toi dans cette danse


Derrière ce corps qui est le tien
je vois moi les ombres danser

Serait-ce que les absents crient
t’appelant au lupanar?
Et toi qui fait danser ton âme
tu veux la poudre, tu veux le sel
les anges me volent ton sourire
et toi qui mords dans le mal

Laisse dérouler tant de fil
car ta danse est un effilochement
une course de poulains noirs
une glissade, un coup de vent

et si la lumière est ce que tu prétends
Je t'emmènerai à l’arrabal
avec ton sourire enfantin
qui dit vouloir un câlin

Avec ton corps cherche des nuits

cherche la lune et cherche la mer
et si la jouissance tu veux
abandonne-toi
qu’avec désir ils te lèchent
les fêlures de l'amour

Traduction de l’auteur et Christian Vauzelle



Ville

Enivrés de doux rhum ambré
Nous nous enfonçons dans les nuits
de l'oubli
Nous créons des jardins de mots
En nous touchant, nous nous regardons
oubliant qu'avant la rencontre
les rues sombres ont fait de nous
des passants vacillants
voire des êtres effrayés

Dans cette ville, comme dans d'autres
quand nous sommes en fête
nous perdons la mémoire du monde
L’aboiement des chiens
ne blesse pas la nuit
Les sifflets se répondent
et nous bavardons

Mon regard s’égare
en des tourbillons momentanés
captant colères ou désirs
À la porte du bar
plus d'une hanche marque
le rythme

et j'imagine des sueurs intimes
qui me feraient succomber
comme dans les rêves

Libérer l’incendie des paroles
est un jeu de langues
des dragons
Soyons dragons les poètes
exhumons les perles
du langage
même si ce faisant nous tuons
avec elles les étoiles filantes
et les vents

N'oublions pas l'amour
Osons son commerce et défiances
Jouissons-en avec désir et dépouillement
Hurlons en disant ses mystères
nous abandonnant par courbes
et méandres

J'ai faim de langues
qui surprennent, qui ébranlent
qui affrontent cette âme et ce corps
que je baise avec folie en les lisant

m'abandonnant au plaisir
de ce qui est dit

Mais la nuit se termine avec une rixe
Un blessé au coin de la rue
Une femme crie

Traduction de l’auteur et de Christian Vauzelle

Ciudad

De dulce ron ambarino
embriagados
nos sumergimos en las noches
del olvido
Creamos jardines de palabras
nos miramos tocándonos
Olvidamos que antes
del encuentro
las calles oscuras hacían de nosotros
trémulos transeúntes
quizá espeluznados seres
En esta ciudad, como en otras
cuando estamos de juerga
del mundo perdemos la memoria
El ladrar de los perros
no hiere la noche
Los silbidos se responden
Y nosotros hablando
Mi mirada se pierde
en torbellinos momentáneos
captando iras o deseos
En la puerta del bar
más de una cadera marca
el ritmo
y yo imagino íntimos sudores
que me harían sucumbir
como en los sueños
Desfogar con las palabras
es juego de lenguas
de dragones
Seamos dragos los poetas
desencovemos las perlas
del idioma
aunque matemos con ellas
las estrellas fugaces
y los vientos
No olvidemos el amor
Osemos su comercio y entredichos
Gocémosle con ansias y despojo
Gritemos al decir sus entresijos
abandonándonos por curvas
y meandros

Tengo hambre de lenguas
que sorprendan, que estremezcan
que enfronten esta alma y este cuerpo
que leyéndolas las bese con derroche
abandonándome al placer
de lo antes dicho
Pero la noche termina con la riña
Un herido en la esquina
Una mujer grita


Cœur Omniprésent

Appartenir sans y penser
à cette ville, aujourd'hui mienne.

Je l'ai doucement possédée, caressant ses coins,
courtisant surpris ses mystères, me perdant
dans ses corps, empreint parfois d’un peu de nostalgie,
et d'autres, prisonnier de l'oubli que me procurent les chairs
incendiées

Ici j'arrivai, ivre de désirs, échappant
aux lieux communs, à l’errance des personnages
littéraires dont les passions se faisaient et défaisaient,
leurs âmes se déchirant au rythme de la musique
entendue dans des clubs de jazz ou dans des chambres misérables
alors que leurs corps se cherchaient découvrant la solitude
Séparations marquées par les pleurs

Appartenir sans y penser…

Sont miennes les histoires qui m'ont conduit à cela
Moi, le maître des jours et des nuits
qui transformèrent en autre l’étranger
Sont miennes les aventures, miens les tremblements

du corps, les secousses de l'âme, les rêveries.

Et miens aussi les mots de la langue apprise
avec ses nuances et replis, comme le plaisir
que j’éprouve la dégustant.

Liberté du dire sans que la lame ne blesse, réinvention
du bon sens désincarnant les symboles abandonnés
les codes de l'enfance. Passer du babillage à la maîtrise
de la langue, qui sera lente caresse pour celle
dans laquelle j'écris, lui accordant d'autres voix, peut-être
d'autres manières sensibles qui accompagnent le vent lorsque
je parle, le parfum des fleurs, le souffle qui me pousse
vers ta bouche

Appartenir sans y penser…
Ce fut une longue route, un voyage oscillant
une quête, une fouille incessante des fondements
une référence aux racines, puis alors, expatrié
fermement fouler la terre, la sentir mienne, la savoir
aussi chère que celle que j'ai quittée et qui m'habite toujours,
comme cette langue maternelle qui ne me contraint plus.
Rien de plus riche pour moi que ce cœur omniprésent.

Corazón ubicuo

Convertirme en vecino sin pensarlo
de esta ciudad, hoy mía.

La he poseído lentamente, acariciando sus esquinas,
cortejando sorprendido sus misterios, perdiéndome
en sus cuerpos, a veces con un deje de nostalgia,
y otras, presa del olvido que procuran las carnes
encendidas.

Aquí llegué, embriagado de deseos, escapando
a los lugares comunes, al errar de personajes
literarios cuyas pasiones se hacían y deshacían,
sus almas desgarrándose con la música, escuchada
en clubes de jazz o en cuartuchos miserables,
mientras los cuerpos se buscaban para descubrir
la soledad. Desencuentros marcados por el llanto.

Convertirme en vecino sin pensarlo

Son mías las historias que me han llevado a ello.
Soy yo el dueño de los días y de las noches que
han trocado en otro al extranjero.
Son mías las aventuras, míos los temblores del
cuerpo, las sacudidas del alma, los ensueños.

Y mías también las palabras de la lengua aprendida
con sus matices y entresijos, así como el gusto
al saborearlas.
Libertad del decir sin sentir la puñalada, reinvención
de la sensatez al abandonar y desencarnar los símbolos,
los códigos de infancia. Pasar del balbuceo al dominio
del idioma, que poco a poco acariciará esta lengua mía
en la que escribo, incitando en ella otras voces, quizás
otras maneras sensibles que acompañen el viento mientras
hablo, el perfume de las flores, el aliento que me empuja
hacia tu boca

Convertirme en vecino sin pensarlo
ha sido un camino largo, un periplo oscilante,
una búsqueda, un hurgar incesante en los cimientos,
un referirme a las raíces, para entonces, expatriado,
pisar la tierra con firmeza, sentirla mía, saberla tan
querida como aquella que dejé y que aún me habita,
como esta lengua materna que ya no me coerce.
Nada más rico para mí que este corazón ubicuo.





                                                                      


   

                                                            contact:
nelsonricartguerrero@orange.fr

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